Pourquoi éditez-vous?

Jean-Jacques Pauvert
La Traversée du livre
Viviane Hamy, 2004

Ho riletto La Traversée du livre di Jean-Jacques Pauvert. Gielo dovevo. Sfogliando il libro pensavo che il tema sul quale avrei dovuto soffermarmi era la censura. Naturalmente avevo in mente di parlare de L'Affaire Sade, del processo che ha liberato le opere del Divino Marchese. Ma, a dire il vero, le opere di Sade sono sempre state publicate e vendute in Francia! Avevo tutto pronto... quando ho iniziato a scrivere sono stato trascinato dalle parole. Basta poco, una frase, una citazione... Mi sono accorto che mi sbagliavo, la lotta contro la censura è un argomento marginale della vita di J.J. Pauvert. Il filo rosso che collega tutte le pagine del libro è invece: Perché farsi editore?

Une fois, on a demandé à Gaston [Gallimard], Pourquoi éditez-vous? Et il a eu cette réponse admirable: Pour me faire une bibliothèque

Perché publicare? Perché farsi editore?

Tandis que je suis aux prises pour Juliette, avec l'interdit pur et simple (à ce qu'on me dit du moins), avec les lettres de Flaubert je découvre l'indicible. On doit supprimer ce qui a été exprimé en dehors des convenances.

Quando publicò alcune Lettres inédites l'editore delle Œuvres complètes di Flaubert gli fece una furiosa telefonata nella quale si sentì accusare di malhonnêteté:

Les gens qui ont amendé (il disait amendé!) ces textes savaient ce qu'ils faisaient parait-il. [..] J'entrai alors dans une rêverie dont je ne suis jamais du tout à fait sorti. Si Flaubert avait écrit à Maxime Du Camp, en 1851: Je suis emmerdé de manger, de m'habiller, d'être debout, pourquoi lui faire écrire: C'est un supplice de manger, etc. S'il avait écrit: Crois-tu que je ne bande pas comme un autre?, pourquoi remplacer cette phrase par Crois-tu que je serais sans vigueur? Pourquoi supprimer complètement: Jai peur pour toi quand je te vois une amour sérieuse: la vérole est moins à craindre que la passion. On cautérise les chancres de la pine mais pas ceux du coeur?

E, giustamente, Pauvert si chiede perché lo interessino tanto questi passaggi tralasciati dagli altri.

Et moi-même, pourquoi ces passages étaient-ils justement ceux qu'il m'intéressait, qu'il m'importait, plus précisement, de découvrir puis de mettre au jour? C'était mon travail, voilà tout. Je le sentais, sans chercher plus loin.

Je voyais souvent Jean Paulhan. [..] Pendant l'hiver 53-54, à vrai dire, il commençait à m'agacer. Depuis de longs mois, il avait évoqué presque à chaque rencontre un mystérieux manuscrit qui semblait l'occuper beaucoup: il m'en parlait de façon de plus en plus pressante, aurait-on dit. Il n'y a que vous qui puissiez le publier, disait-il. Vraiment, je ne vois que vous. Personne d'autre n'oserait. [..] Une soir du mois de décembre, ou de janvier, il tombait une pluie glaciale, je le rencontre dans la rue Jacob. Nous échangeons quelques mots, et tout d'un coup il me dit: Vous savez, le manuscrit dont je vous ai parlé, eh bien, je l'ai justement avec moi. [..] je ne manifeste pas beaucoup d'enthousiasme. Alors il me met l'enveloppe presque de force dans les bras. [..] Le lendemain matin, très tôt, trop tôt pour les convenances, j'appelle Paulhan: [..] vous aviez raison, c'est MON livre.

Tre settimane dopo la condanna il 10 gennaio 1957 a duecentomila franchi di multa e alla confisca e distruzione delle opere incriminate (Histoire de Juliette, Les Cent Vingt Journées de Sodome, La Philosophie dans le boudoir) Pauvert mette in vendita L'Affaire Sade in cui sono riprodotti documenti e testimonianze sul processo e che si conclude con

Je ne sais plus très bien, en fait je n'ai jamais très bien su, a quelle logique j'obeissais en agissant ainsi. Ce n'était pas raisonné du tout, ou si peu. Je crois que là aussi, l'instinct était plus fort que tout. En fait, la raison, si elle avait été là, aurait dû m'incliner vers la prudence. Mais dans quel but? J'avais au contraire le sentiment que j'allais vers la vérité, avec Sade, et qu'il fallait y aller sans détour. Quelle vérité? Mais je n'en savait rien! C'était un sentiment sauvage, simplement. Je tenais quelque chose que je n'allais pas lâcher. Comme un os. Quelque chose qui m'appartenait par une proprieté que je n'aurais pas su définir. Que je n'avais pas envie de définir. C'était mon affaire, c'est tout.

C'è infine una morale della storia ben più singolare. Si può guadagnare subdolamente molto di più senza essere l'editore di un libro che essendolo.

J'ai sournoisement gagné beaucoup d'argent avec Papillon sans en être l'éditeur. Ce n'est pas juste, je sais. Mais qu'est-ce qui est juste dans l'édition?
MP

Bibliografia

Jean-Jacques Pauvert
- La Traversée du livre, Viviane Hamy, 2004