Pierre Nicole : L'amour-propre éclairé

L'amor proprio rappresenta uno degli interessi ricorrenti negli autori francesi del XVII secolo. Fra essi Pierre Nicole (1625-1695) è oggi citato per il supposto legame di alcune sue formulazioni con la nascita dell'economia borghese, che ne farebbero il precursore di Mandeville e Smith. Sebbene inserite all'interno di prolisse considerazioni teologiche e morali, queste concise descrizioni psicologiche sono, in effetti, leggibili autonomamente, prodromi del nuovo modo di concepire i rapporti fra gli individui.

Il primo testo in cui Nicole tratta dell'amour-propre è Comment l'amour-propre produit la civilté, capitolo primo De la civilté cretienne, compreso nel secondo volume degli Essais de morale che inizia così:

Comment l'amour-propre produit la civilté Il n'y a rien de si naturel à l'homme que le desir d'être aimé des autres, parcequ'il n'y a rien de si naturel que de s'aimer soi même. Or on desire toujours que ce qu'on aime soit aimé. La charité qui aime Dieu, desire que Dieu soit aimé de toutes les créatures : & la cupidité qui s'aime soi-même, desireroit que nous fussions l'objet de l'amour de tous les hommes.

L'amour-propre ne nous fait aimer que ceux qui nous aiment, & qui nous sont utiles; il ne nous assoujetit qu'à ceux qui sont plus piussans que nous; & il nous porte au-contraire à vouloir dominer sur tous les autres autant qu'il nous est possible.

Les hommes [..] sont dépendant les uns des autres dans une infinité des choses. La cupidité à donc pris la place de la charité pour remplir ces besoins, & elle le fait d'une manière que l'on n'admire pas assez & où la charité commune ne peut attenindre. On trouve par exemple presque partout en allant à la campagne, des gens qui sont prêts de servir ceux qui passent, & qui ont des logis tout préparés à les recevoir. On en dispose comme on veut. On leur commande, & ils obéissent. Ils croient qu’on leur fait plaisir d’accepter leur service. Ils ne s’excusent jamais de rendre les assistances qu’on leur demande. Qu’y aurait-il de plus admirable que ces gens, s’ils étaient animés de l’esprit de charité ? C’est la cupidité qui les fait agir, & qui le fait de si bonne grâce, qu’elle veut bien qu’on lui impute comme une faveur de l’avoir employée à nous rendre ces services.

Il secondo trattato sulla carità del terzo libro degli Essais de morale (pp. 131-188) è dedicato all'amour-propre

Second traité de la charité & de l'amour-propre
Chapitre premier
Charité & amour-propre, semblables dans leur effets. Ce qu'il faut entendre par le nom d'amour-propre. Que c'est la haine qu'on a pour l'amour-propre des autres qui obblige à se deguiser.
Quoiqu'il n'y ait rien de si opposé à la charité qui rapporte tout à Dieu, que l'amour-propre qui rapporte tout à soi, il n'y a rien néanmoins de si semblable aux effets de la charité, que ceux de l'amour-propre. Car il marche tellement par les mêmes voies, qu'on ne sauroit presque mieux marquer celles où la charité nous doit porter, qu'en dècouvrait celles que prend un amour-propre éclairé, qui fait connaître ses vrais interêts, & qui tend par raison à la fin qu'il se propose.

Nous pouvons prendre la charité pour amour-propre, & l'amour-propre pour charité; & dans cette obscurité la raison nous obblige à prendre le parti de faire toujours ce qui est commandé, en laissant à Dieu le discernement du principe qui nous fait agir.
Ce n'est pas qu'il ne soit de notre devoir purifier, autant qu'il nous est possible, de tout amour-propre & de tout interêt; mais ce désir ne nous assure pas que nous en soions exemts. Car on peut désirer par amour-propre d'être délivré de l'amour-propre, comme l'on peut souhaiter l'humilité par orgueil. Ilse fait un cercle infini de retours sur retours, de reflexions sur reflexions dans ces actions de l'ame; & il y a toujours en nous un certain fond, & une certaine racine qui nous demeure inconnue durant toute notre vie.

L'amour propre inspire le désir d'être estimé et aimé par les autres: il est donc au principe de la sociabilité.

L'amor proprio, se fosse illuminato, potrebbe correggere tutti i difetti esterni del Mondo, e formare una regolatissima società. Come converrebbe aver ciò in mente nelle istruzioni de Grandi. [...]
Si può concludere da quanto si è detto, che per riformare intieramente il Mondo, cioè per bandire tutti i vizi e disordini maggiori, e per rendere gli uomini beati anche in questa vita, basterebbe, in mancanza di Carità, dare a tutti un Amor proprio illuminato, che sapesse discernere i suoi veri interessi e tendere ad essi per quelle vie, che la dritta ragione gli mostra.

Les deux textes dans lesquels émerge le plus nettement la réflexion de Nicole sur la constitution du pouvoir politique et sur l'obéissance qui lui est due sono indéniablement le traité De la Grandeur, au tome II des Essais de morale, puis le traité De la Charité et de l'amour-propre, au tome III des ce mêmes Essais. Or ce deux textes manifestent une double référence, à Pascal et à Hobbes. [...] Mais, tout en recourant à ce deux auteurs, Nicole s'en démarque: il n'est ni hobbesien ni pascalien.

Pierre Nicole

    Essais de morale, I, 1671
  • 1. De la faiblesse de l'homme
  • 2. De la soumission à la volonté de Dieu
  • 3. De la crainte de Dieu
  • 4. Des moyens de conserver la paix avec les hommes
  • 5. Des jugements témeraires
    Essais de morale, II, 1672
  • 1. Discours sur la nécessité de ne pas se conduire au hazard et par les règles de fantaisie
  • 2. Discours contenant en abrégé les preuves naturelles de l'existence de Dieu et de l'immortalité de l'âme
  • 3. Discours où l'on fait voir combien les entretiens des hommes sont dangereux
  • 4. Traité de la civilté chrétienne
  • 5. Traité de la grandeur
  • 6. Trois discours de Pascal sur la condition des grands
  • 7. De la manières d'étudier chrétiennement
  • 8. Traité de l'éducation d'un prince
  • 9. Réflexions sur le livre de Sénèque de la brièveté de la vie
    Essais de morale, III, 1675
  • 1. De la connaissance de soi-même
  • 2. De la charité et de l'amour-propre
  • 3. Des diverses manière dont on tente Dieu
  • 4. De la comédie
  • 5. Des rapports
  • 6. De la guérison des soupçons
  • 7. Qu'il ne faut point scandaliser des défauts des gens biens
  • 8. Des moyens des profiter des mauvais sermons
    Essais de morale, IV, 1678
  • 1. Des quatre dernières fins de l'homme (La mort, le jugement et l'enfer, le paradis)
  • 2. De la vigilance chrétienne, contenant divers moyens de se tenir en la présence de Dieu

Bibliografia

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- Le "vain fantosme" de soi-même ou Le portrait à l’épreuve de la morale, Tangence, n° 66, 2001, p. 84-100. http://id.erudit.org/iderudit/008242ar
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- La « liberté du commerce » et la naissance de l’idée de marché comme lien social, Publié dans Philippe Nemo et Jean Petitot ed., Histoire du libéralisme en Europe, Paris : Presses Universitaires de France, 2006 : 205-253. en ligne
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- Pierre Nicole. Moraliste, Champion, 2002
- De l’abandon à la méditation : représentations de l’espace intérieur à rort-Royal, Études littéraires, vol. 34, n° 1-2, 2002, p. 39-53. http://id.erudit.org/iderudit/007553ar
Pierre Nicole
- Essais de morale, Slatkine Reprints, Génève, 1971, 4 voll. [reimpression de l'edition Desprez]
- Essais de morale contenus en divers traité fur plusieurs devoirs importants, a Paris, Chez Guillaume Desprez, 1733-1771 (dal volume 1 al volume 8 portano la data 1733)
- Saggi di morale del Signor di Chanteresme, trasportati dal francese dal padre Alessandro Pompeo Berti della Congregazione della Madre di Dio, tomo I, In Venezia presso Niccolò Pezzana, MDCCXL [Berio, F. Ant. XVIII A. 74/75, Legato Abate Amedeo Giovanelli, 1850]
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- Maximes, n° 2, n° 81, massime soppresse, n° 1, n° 22, n° 26, n° 28
Jacques Abbadie
- L'art de connaître soi-même ou la recherche des sources de la morale, 1692, Anisson & Posuel, Lyon, 1701, cap V, cap. VI
Nicolas Malebranche
- Traité de l'amour de Dieu, 1697; Avvertenza, (ed. 1699)
Jean la Placette
- Nouveaux essais de morale, George Gallet, Amsterdam, 1697, t. II, pp. 3-11
Jean-Jacques Rousseau
- Discours sur l'origine et les fondaments de l'inégalité parmi les hommes, 1755; nota XV
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Solé Jacques
- Éthique chrétienne et anthropologie : du pessimisme de Pierre Nicole à l'optimisme de Muratori, In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 84, N°2. 1972. pp. 531-537. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1972_num_84_2_2273
Silvano Sportelli
- L'«amour-propre» nella Francia del XVII e XVIII secolo, Editori Riuniti, Roma, 2007
Luc de Clapiers de Vauvenargues
- Introduction à la connoissance de l'esprit humaine, 1746
Dominique Weber
- Le « commerce d’amour-propre » selon Pierre Nicole, in Astérion, Numéro 5, juillet 2007, mis en ligne le 13 avril 2007, consulté le 18 février 2012. http://asterion.revues.org/document848.html