Henri-Frédéric Amiel

Tu veux etre deviné comme une femme
et demander pour toi ou t'offrir te révolte
comme une acte de courtisane comme une bassesse
et presque une impudicitè de l'ame.
Ton malheur, pauvre garcon,
est d'avoir pour défauts les qualités d'un autre sexe
car ce qui est grace dans la femme
est une niaiserie fatale chez l'homme.

Henri-Frédéric Amiel (Genève 1821 - Genève 1881) è ricordato come autore di uno sterminato Journal intime (diverse migliaia di pagine) del quale esiste una spettacolare edizione cartacea in 12 volumi (L'Âge d'Homme) dalla quale ho tratto alcuni frammenti.

Leggendo si sono manifestate alcune tracce. La prima è l'analogia Amiel - Sade (della quale non tratterò). La seconda è il Journal di Maine de Biran. La terza la depersonalizzazione.

Journée magnifiquement caniculaire; je ne suis sorti qu'à la nuit, comme l'oiseau de Minerve. L'extrait des quatre articles de la Revue des Deux Mondes, et l'ouvrage de Girardin sur l'Instruction publique (1838), m'ont pris tout mon temps, je ne sais pas trop comment; ah! j'oublie le numéro de Juin de la Revue de Théologie (le bel article de Scherer sur le dernier volume de Mr de Gasparin).

Journée lourde et triste au dehors, pas de lumière, chute de neige - Continué Stahr avec un vif attrait. Lu un cahier de l'Illustration (articles de Fél, Mornand, Dufaï, l'ouvrage de Delaborde sur Athènes du quinzième au dix-septième siècle, etc.)

Levé tard, journee de pluie. Gaspillé sottement la matinée.

Le besoin de tout faire par ensemble systématique et complet me nuit toujours dans la pratique en me dégoûtant de toute mesure partielle. Tout ou rien: c'est la maladie de mon tempérament. Je déteste la niaiserie, la peine inutile, l'essai ridicule, l'effort qui n'aboutit pas, et le goût de l'achèvement m'empêche de commencer. L'ideal me casse les bras, et me maintient dans l'immobilité.

L'idea che il tedesco sia la lingua della filosofia, similmente al greco, è senza fondamento ma è molto diffusa tra gli storici della filosofia. Pensare attraverso i verbi - l'azione - è diverso dal pensare attraverso i sostantivi - la nominazione.

Le substantif est la forme naturelle de la pensée française et c'est pour cela qu'elle est peu philosophique; la philosophie est la conscience du mystère, et le mystère c'est la genèse, le devenir, l'apparition, en d'autres termes la sortie du néant, la génération et la naissance, bref le verbe. La philosophie allemande pense avec le verbe. - Tout se fige, se solidifie, se cristallise dans notre langue, qui cherche la forme et non la substance, le résultat et non sa formation, bref ce qui se voit plutôt que ce qui se pense, le dehors plutôt que le dedans. - Nous aimons le but atteint et non le pain tout cuit: à l'inverse de Lessing. Nous voulons les conclusions. Cette clarté du tout fait, c'est la clarté superficielle, la clarté physique, extérieure, solaire pour ainsi dire, mais le sentiment de la genèse manquant, c'est la clarté de l'incompréhensible, la clarté de l'opaque, la clarté de l'obscur. Nous folâtrons toujours à la surface, notre esprit est formel, c'est-à-dire frivole et matériel, ou mieux artistique et non philosophique, car ce qu'il veut c'est la figure, la façon, la manière d'être des choses et non leur vie profonde, leur âme et leur secret.

Ne pas prende un parti, c'est en prendre un, et le plus mauvais celui d'être esclave. L'homme qui se décide est libre, sa volonté est une force qui au pire cas jouit d'elle même, et qui ordinairement oblige les hommes et les circonstances à compter avec elle; celui qui ne veut rien est le jouet des unes et des autres. Ne pas vouloir, c'est être possédé de droit par autrui. car c'est se faire chose, terrain vague, objet sans maître, appartenant de bonne prise au premier occupant. (J'ai déjà, je crois, écrit cette pensée plus d'une fois.)

Il me faut m'affranchir de cette timidité, qui donne prise aux autres sur moi; dès que mon intérét est en jeu, je perds ma force, je n'ose ni demander, ni imposer; homme pour tout ce qui est désintéressé, général, je suis faible, gêné, honteux comme une jeune fille, dès que c'est moi qui suis en question; une pudeur ridicule embarrasse tous mes mouvements.

Quel parti tirer des journées perdues comme celle-ci? où la tête est brisée, la vitalité languissante, la tristesse morne. Toutes mes tentations de découragement absolu, de dégoût de la vie, de répugnance universelle m'ont persécuté.

Avant-hier la délivrance est venue, et je me suis senti tout autre, gai et actif. Je suis maintenant plus seul que jamais, la servante ayant obtenu vacance, et je reprends la vie de garçon; ma chambre a coucher reste en désordre et j'ai déjeuné au café.

Pour oublier tout ce qui m'oppresse, j'ai eu recours à la lecture, qui m'a dispense de vouloir, de sentir et d'agir.

Journée assez remplie. Donné cinq heures à la Societé pastorale, puis cinq autres heures à la lecture. [..] Lu aujourd'hui. Czolbe, Theorie des Sensualismus, 1855. Büchner, Kraft und Stoff, 1855. Freuenstädt, Naturwissenschaft in Verhältnis mit Poesie, Religion, Moral, Philosophie, 1855. (trois ouvrages suscités par la même polémique Rud. Wagner - Vogt, à laquelle Wirchow, Eduard Zeller, Lotze, Schleiden, von Reichenbach ont pris part, la querelle du dualisme spiritualiste contre le naturalisme (materialisme), des croyances religieuses contre l'irréligion.

Saint Jean et Saint Paul croient également à deux résurrection successives, la première réservée aux saints seulement et précédant l'autre de mille ans; la seconde universelle et suivie du jugement dernier qui sépare les justes des injustes, les brebis des boucs. Rapprochez encore ceci des paroles du Christ au brigand converti: Aujourd'hui même tu seras avec moi en paradis, et tout le chaos des contradictions relatives à ce point capital apparaît. (et même on pourrait y ajouter la théorie de la resurrection conditionnelle qui semble ressortir de Philippiens III, 11)
Si l'âme entre immédiatement en paradis (et en enfer), qu'est-ce que ce jugement final?

e prosegue con una riflessione sulla morte e la resurrezione

Je suis de l'avis de Montesquieu que plus on met de sages ensemble et moins on a de sagesse. La législation parlamentaire est bonne; mais le gouvernement parlamentaire est détestable. Est-il rien d'impatient comme le verbiage, quand les temps pressent et les événement marchent? [..] Au fond, je le crains, je suis un peu comme Héraclite. .... : Je n'ai pas le respect des majorité. Coulant avec les individus, je suis raide et sec avec les foules, même avec les assemblées, parce que là ce sont les médiocrités qui se dilatent et se pavanent. D'ailleurs il serait adroit de gagner le gros monceau; donc je n'en veux rien, car l'adresse est antipathique à ma fierté.

Al Journal di Amiel si addice l'aggettivo mostruoso.

Medioni rileva acutamente che le notizie intorno all'infanzia di Amiel scarseggiano nel Journal [..] Ma forse in questo apparente oblio dobbiamo scorgere la volontà deliberata o intenzionale subcosciente di non rievocare quegli anni tristi e gravidi di conseguenze in cui si destano gli istinti vitali, chè altrimenti sarebbe difficile spiegarsi come l'uomo che più frugò nelle proprie viscere abbia evitato costantemente di alludere alle sue impressioni ed emozioni infantili che per tanta parte entravano, ed egli lo sapeva, nelle disavventure della sua vita.

Il Journal amplifica e sopravaluta gli avvenimenti più semplici e banali della sua esistenza, gli stessi che normalmente non lasciano alcuna traccia nella coscienza degli uomini.

Amiel lecteur du Journal intime de Maine de Biran

Mercredi 17 Juin.
(Matin) Les nuages se séparent; le bleu revient. Passé au jardin la revue des fleurs, tout emperlées de gouttes de pluie. Roses, lis jaunes, iris, valériane, chèvrefeuille, girades 1, œillets de poète, géranium, la couronne crénelée des graines de l'impériale, ont fait leur défilé. Les roses abondent : de la blanche à la rouge, il y a la gamme des roses-thé, noisette, chair, cent-feuilles, rose, mousse, panachée, et en-dehors de la série, la rose jaune. Sur un pied de jasmin, l'ai suivi les curieuses ébauches de la nature qui de la grande feuille terminale de chaque groupe s'essale à en faire trois sans y réussir complètement, la divisant soit en deux folioles inégales, soit en trois inachevées où les deux de côté restent attachées non par un pédoncule mais par une plus large surface.

(10 heures.) Je viens de suivre Maine de Biran, de sa 28e à sa 48e année par le moyen de son Journal intime, et une foule de pensées directes, personnelles, comparatives ou scientifiques m'ont assailli successivement. Dégageons celles qui me concernent. Dans cet éternel observateur de soi-même, je me retrouve avec tous mes défauts : inconstance, indécision, découragement, besoin de sympathie, inachèvement; avec mon plaisir à me voir passer, sentir et vivre ; avec mon incapacité croissante l'action pratique, à l'observation extérieure ; avec mon aptitude psychologique. Mais je découvre de fortes différences qui me raniment et me restaurent : cette nature n'est qu'un des hommes qui sont en moi ; c'est un de mes départements, ce n'est pas tout mon territoire et mon royaume intérieurs. Intellectuellement, je suis plus objectif et plus constructif; mon horizon historique, géographique, scientifique est beaucoup plus vaste; j'ai beaucoup plus vu; hommes, choses, objets d'art, pays et peuples, livres et sciences, j'ai une beaucoup plus grande masse d'expérience; je suis plus capable de production; ma culture philologique, esthétique, littéraire, philosophique est plus complète et plus variée ; mes aptitudes pédagogique, critique et poétique lui manquent. En un mot je me sens notablement plus de culture, de richesse, d'étendue et de liberté en tout genre, malgré mes lacunes, mes limites et mes faiblesses.

Pourquoi Biran fait-il plus tard de la volonté le tout de l'homme? Parce qu'il avait trop peu de volonté. L'homme estime surtout ce qui lui manque et grandit tout ce qu'il désire. Un autre homme incapable de pensée et de recueillement aurait fait de la conscience de soi la chose suprême. — Il n'y a que la totalité qui ait une valeur objective ; dès qu'on isole du tout une partie, dès qu'on choisit, le choix est involontairement et instinctivement dicté par des inclinations subjectives, qui obéissent à l'une des deux lois opposées, l'attraction des semblables, ou l'affinité des contraires. — Biran dit : l'homme c'est son moi, le moi c'est la volonté. La filiation de la théorie est conforme à la règle susdite.

(Midi.) Les plus pénétrantes intuitions, les aperceptions intimes les plus délicates, en un mot les pensées les plus fugitives et plus précieuses sont justement celles que je n'enregistre jamais. Pourquoi? D'abord parce que j'ajourne toujours l'essentiel; ensuite parce qu'il me semble que je ne peux plus les oublier ; puis, parce qu'elles font partie d'un ensemble infini et que toutes ces bribes partielles n'ont pour moi ni valeur ni intérêt et m'inspirent presque du dédain ; c'est aussi parce que je ne songe jamais au public, à l'utilité, à l'exploitation, et que j'éprouve une joie suffisante d'avoir participé à un mystère, d'avoir deviné une chose profonde, touché une réalité sacrée ; connaître me suffit trop; exprimer me semble parfois profaner; faire connaître ressemble à divulguer, et pour ne pas avilir je laisse enfoui. C'est tout à fait l'instinct féminin, la protection du sentiment, l'ensevelissement des expériences individuelles, le silence sur les meilleurs secrets. Ce n'est pas le point de vue viril de la science, du grand jour, de la propagande, de la publicité. J'incline à l'ésotérisme, à la discrétion pythagoricienne, par aversion de la jactance grossière. J'appartiens par instinct à l'aristocratie de culture, à l'hiérophanie esthétique et morale. Par délicatesse, distinction de nature et aussi timidité d'âme et méfiance de cœur, j'ai en dégoût la populace des intelligences. Plus fort, je conquerrais l'autorité spirituelle; plus aimant, je me dévouerais aux foules. C'est par mes défauts que je reste ermite et par mes facultés que j'anime la solitude de mon ermitage moral. Ce n'est point assez. Il faudrait conclure et donner. L'épicuréisme de l'esprit devrait faire place à l'énergique sentiment de la redevance, à la foi qu'on peut être utile aux autres et qu'ont doit l'être. Agir, produire, publier t'a paru dans ton intérêt à toi, c'est-à-dire dégoÛtant et facultatif. Vois-y un devoir positif, une obligation stricte, une œuvre commandée, et alors comme effort et sacrifice, ils reprendront de la saveur et de l'attrait. — Vae soli! Seul on n'a point de but que soi-même, et ce but ne vaut pas la peine d'un mouvement. On se laisse voguer à la dérive, quand on n'est attendu nulle part. A quoi bon intervenir? Le courage est dans un amour.

(5 heures.) La matinée a passé comme un rêve. J'ai poussé la lecture du Journal de Biran jusqu'à la fin de 1817 (51e année). Après dîner, vécu avec les oiseaux en plein air, errant dans les allées ombragées qui passent sous Pressy. Le soleil était brillant et l'air limpide. L'orchestre du milieu du jour était au grand complet ; sur le fond bourdonnant de mille insectes invisibles se dessinaient pour l'oreille les caprices et les improvisations du rossignol sur les frênes, des fauvettes et pinsons devant leurs nids. Les églantines se balancent aux haies ; les senteurs de l'acacia parfument encore les sentiers, les duvets légers de la baie du peuplier flottalent dans l'air comme la neige tiède des beaux jours. Je me sentais joyeux comme un papillon. — En rentrant, lu les trois premiers livres de Corinne, ce poème que je n'avais pas revu depuis mon adolescence ; je le revois à travers mes souvenirs. L'intérêt romanesque m'en semble évanoui, mais non l'intérêt pathétique, poétique ou moral. J'aurais du plaisir à étudier Made de Staël comme femme, à la juger au moyen de mon expérience actuelle.

Jeudi 18 Juin 57.
(10 heures matin.) Hier soir, continué Biran. Longue promenade ; un chemin sans issue me jette dans les champs en culture, et à la nuit vive, en rase campagne, à travers les haies et les fossés, le long des plantations de pommes de terre, arrêté par les grands blés, j'éprouve à me tirer d'affaire quelques-unes des impressions et émotions du braconmer en tournée et du voyageur égaré. J'avais fait la triple imprudence de lire encore sur le repas du soir, dans le crépuscule, et courbé sur la fenêtre, ce qui m'a donné le sang à la tête, un sommeil lourd, et une pensée moins légère ce matin.

Je viens de passer trois heures au verger, à l'ombre de la charmille mêlant à ma lecture le spectacle d'une belle matinée et faisant un tour entre chaque chapitre. Le ciel a repris maintenant son voile blanchâtre et je remonte Biran dont je viens d'achever les Pensées, et Corinne que j'ai suivie avec Oswald dans ses excursions à travers les monuments de la ville éternelle.

Rien n'est mélancolique et lassant comme ce Journal de Maine de Biran. C'est la marche de l'écureuil en cage. Cette invariable monotonie de la réflexion qui se recommence sans fin énerve et décourage la pirouette interminable des derviches. Voilà donc la vie d'un homme distingué, vue dans sa dernière intimité. C'est une longue redite, avec un insensible déplacement de centre dans la manière de se voir soi-même. Il faut trente ans à ce penseur pour se mouvoir de la quiétude épicurienne au quiétisme fénelonien, et encore spéculativement, car la vie pratique reste la même, et toute sa découverte anthropologique consiste à reprendre la théorie des trois vies (inférieure, humaine et supérieure) qui est dans Pascal et dans Aristote. Voilà ce qu'on appelle un philosophe en France. A côté des grands philosophes, que cette vie intellectuelle parait chétive, maigre, pauvre. C'est le voyage d'une fourmi, qui se consomme dans les limites d'un champ, ou d'une taupe qui use ses jours dans la construction d'un modeste terrier. Que l'hirondelle qui traverse tout l'ancien-monde et dont la sphère de vie embrasse l'Afrique et l'Europe, trouverait étouffant le cercle où se confinent la taupe et la fourmi. J'éprouve pareillement une sorte d'asthme et d'asphyxie avec le volume de Biran ; et aussi comme toujours la paralysie par assimilation et la fascination par sympathie. J'ai compassion et j'ai peur de ma pitié : car je sens combien je suis près des mêmes maux et des mêmes fautes.

Mais il faut prendre le cas comme un échantillon utile et comme une leçon avantageuse. Biran est un exemplaire du psychologue pur, finissant par tourner au moraliste, avec peu de volonté et encore moins de santé, et dépendant de tout, sauf par la partie curieuse et observatrice de son moi. La leçon à tirer de sa vie, c'est : 1. qu'il faut attentivement soigner sa santé dans l'intérêt de sa pensée;

2. qu'il faut se créer de bonne heure une occupation fixe, un but ferme et ne pas se laisser aller au courant de tous ses caprices intellectuels;

3. qu'il ne faut pas éviter le monde, l'action, la lutte, le devoir, et tout ce qui développe la volonté ; et cela de bonne heure;

4. qu'il faut conclure, aboutir, formuler, achever ; car l'indétermination, le recommencement, l'hésitation diminuent les forces, ôtent le courage, augmentent l'inquiétude et l'incapacité;

5. qu'il ne faut pas isoler en soi la théorie de la pratique et l'homme intérieur de l'homme extérieur : l'harmonie est la santé morale.

L'étude de Naville 1 est pleine d'intérêt, d'un style noble et digne, d'un ton grave et soutenu ; mais elle respire presque autant de tristesse qu'elle annonce de maturité. Ce qui m'y déplaît un peu, c'est l'exagération du mérite de Biran. Cette apothéose est devenue comme un héritage de famille. Du reste la petite impatience critique que me donne ce volume sera dissipée demain. Biran est un anneau important de la tradition française ; c'est à lui que se rattachent nos Suisses Naville père et fils, Secrétan. C'est de lui que sort la bonne psychologie contemporaine, car Stapfer, Royer Collard, Cousin l'ont nommé leur maître et Ampère, son cadet de neuf ans, a été son ami.

(Soir.) Trouvé chez les G[ira]rd*, les visiteurs du Jeudi, soit le frère de Madame et Mlle Nich[olson] qu'on rapproche toujours à ce qu'il me semble. — C'était la fête de Made M[arcill]ac; autel de fleurs ; je me reproche de l'avoir oubliée, et je m'en excuse avec une confusion secrète. Made M[arcill]ac me raconte son enfance et me montre le portrait de sa mère adoptive, la princesse de Wittg[enstein] morte à 23 ans, et laissant une fille qui s'est mariée le même jour qu'elle-même (Made M[arcill]ac) et avec la même couronne d'épouse.

Etrenné les fraises de cette année, aujourd'hui par deux fois ; belles, fraîches et parfumées qu'elles étaient ; friandise royale, d'une élégance toute esthétique.

Vendredi 1er Avril.
[..] Eprouvé avec une intensité mordante le sentiment de mon incapacité générale, tenant à l'action d'une même cause : l'impuissance à me concentrer, à vouloir, à me proposer fermement un but. L'hésitation, l'irrésolution, la tergiversation, le vacillement et le doute paralysent d'avance toutes mes entreprises, ou plutôt m'empêchent d'en faire une quelconque. Ce défaut capital ne fait qu'augmenter. L'indécision s'accroît avec la défiance et la défiance avec la faiblesse. Je ne fais aucun fond sur moi-même, et par conséquent j'ai peur de toute responsabilité, et je redoute tout parti à prendre. Je ne suis ni chair ni poisson, ni tiède ni bouillant, mais simplement une chose amorphe et atone, indéterminée et inconsistante. Il me manque tout uniment d'avoir une opinion, un caractère, une attitude, une forme, un but pour être une personnalité. Pour le moment, je ne suis qu'une ombre vaine, le simulacre d'un être réel, l'effigie apparente d'un homme, une possibilité, pas davantage. La complète indépendance aboutit à l'abolition de la liberté; car en se refusant à tout, on finit par ne plus rien vouloir. Briser avec la duperie, c'est renoncer à tout amour, et vivre sans amour, c'est ne plus vivre. Le désintéressement prolongé amène à la torpeur, à la catalepsie de l'âme. La désuétude de l'effort, de la lutte contre soi-même, réduit à proportion les forces actives de notre être ; l'homme passif fait en nous des progrès effrayants, et au terme de cette métamorphose nous devenons le théâtre inerte des phénomènes de la nature, la statue sensible de Condillac. La volonté a disparu, la liberté, la moralité sont parties avec la volonté. Nous assistons, fascinés et enchaînés, sans résistance et sans espoir, à notre propre dissolution : nous nous voyons mangés des vers de notre vivant. C'est bien ici qu'on touche du doigt le secret de la vie, qui est l'individualité, de l'individualité qui est une force active, et de l'activité qui est une domination, une royauté, un gouvernement, car il y a toujours une multitude d'agents, d'éléments, de monades à contenir, maintenir et discipliner. Qui ne veut pas combattre, soumettre, dompter, conquérir, ni lutter, ne vit pas ; sa paix est paresse, son calme est inertie, son repos c'est la mort. Voilà toujours l'état où tu retombes, ce qui fait de toi le fantôme d'un vivant.

Le découragement est un poison lent ; le boire à larges doses c'est céder à l'instinct du suicide. Et en effet ne pas aimer la vie, y voir une fatigue, une peine, un ennui, c'est prendre pour dieu la mort. L'éternel abattement est un péché, péché d'ingratitude et d'incrédulité ; car il prêche un Dieu sans entrailles, sans bonté, sans pitié.

[Mercredi 23 Janvier 61] Franck (sur Maine de Biran, et l'édition Naville)

[Mercredi 19 Mars 62] Feuilleté l'Anthropologie de Maine de Biran.

[Mercredi 7 Mai 62] A travers mes métamorphoses, je suis devenu simplement négatif, critique, réceptif, sensitif, purement psychologique. C'est-à-dire que je me rabats sur le domain intime, que je me réduis au petit cercle de Maine de Biran, qui, jadis, me paraissait si borné et si chétif.

Dépersonnalisation, impersonnalité, protéisme

... tu sais que les livres te dépersonnalisent et te déroutent, tandis que le contact des hommes te rend à toi-même et te révèle ton individualité...

[Mercredi 23 Octobre 61] Aujourd'hui je dois rentrer dans ma carapace de professeur et mes fonctions d'académicien. La métamorphose m'est difficile. Mes livres, mes auteurs et mes cours sont encore bien loin de moi. Tous les ans j'éprouve le même malaise. Mon individu se devient tellement étranger à lui-même, mon moi se détache tellement de ses occupations et de ses produits, qu'il me faut le reconquérir, à peu près comme on rentre dans une citadelle perdue, dans un rôle oublié. C'est l'objectivité spirituelle poussée jusqu'à la dépersonnalisation. Curieux phénomène, après tout, que cette mue psychologique !

[Mardi 5 Novembre 61] Du reste la plus grande difficulté de la vie est de se maintenir en présence de l'ensemble de soi-même et de l'ensemble des choses.

[Mercredi 27 Novembre 61] Cette aversion de la vie pratique, laquelle gêne, contrarie, emprisonne, humilie mon âme, tient sans doute à la conscience que j'ai de mon peu de volonté. Pour ne pas sentir mes entraves, je cesse de faire un pas. Je ne consens pas à être vaincu, et pour cela je me refuse à toute lutte. Je ne sais pas qui je suis, je n'arrive jamais à l'évidence pratique, et pour cela je hais toute détermination morale qui me donne tous les inconvénients de la conviction sans ses avantages. La vie désintéressée seule m'attire. Comme Rousseau, je ne tiens nullement à gagner, mais je ne puis souffrir de perdre; la conséquence est que je ne joue pas, c'est-à-dire que je n'entre nullement dans cette partie universellement engagée entre les individus et le bonheur. Or qui ne risque rien, n'a rien.

[Jeudi 28 Novembre 61] Or l'instinct va au plus agréable; le plus agréable pour ma nature est de s'impersonnaliser, de s'objectiver, de contempler, de savoir. Ma croix est de reprendre mon individu, ma tâche, ma faiblesse, toutes mes guenilles.

[Lundi 17 Novembre 62] Quel singulier instinct que l'instinct du non-être, ressenti si souvent en moi, malgré moi. S'il ne se révélait qu'en présence des ennuis, des peines, des devoirs, des douleurs, c'est-à-dire d'un effort à faire, ce serait tout simplement l'instinct de conservation. Mais non, c'est souvent à l'occasion d'un plaisir, d'une invitation, d'un désir même qu'il se manifeste; il est comme une répugnance à l'attrait, comme une non-acceptation de l'être, comme une passion d'inertie; on dirait une sorte de goût positif pour le néant, par ennui du va et vient des jours et de la fluctuation des sentiments. Telle est, je crois, la racine psychologique du Bouddhisme, cette religion de la lassitude, cette aspiration au sommeil, ce culte de la mort sans rêves, du repos absolu.

[Mardi 30 Décembre 1862] Tout ce qui m'arme un peu se grave en moi, l'indifférent est hors d'état de me laisser son empreinte. Et ma vie me devient pareillement extérieure, indifférente, étrangère, pour tout ce qui ne concerne que mes sensations, mes impressions et mes aperçus intellectuels. Bref, j'ai très peu de consistance, parce que J'ai peu de subjectivité. L'impersonnalité est ma perpétuelle tendance, mon penchant, mon instinct. Variante du goût pour le néant. Parallèle et analogue du scepticisme.


[Mercredi 28 Février 66] L'homme peut-il se dépersonnaliser? Oui, de deux manières, par la pensée et par l'amour. Dans les deux cas, sa vie s'absorbe momentanément dans son objet: il y a donc l'extase intellectuelle et l'extase su sentiment. L'une est surtout masculine, l'autre féminine. [..] L'extase religieuse doit cumuler encore ce deux genres de ravissement intérieur.

[Mercredi 7 Mars 66] Aujourd'hui, par grand hasard, je me suis aperçu du point de vue d'un observateur étranger et indifférent, tandis que d'ordinaire je me sens en moi-même et directement. [..] Tu laisse croître l'herbe dans tes sentiers et dans tes cour. Tu ne veux ni demander [..]

[Vendredi 22 Mars 67]Impersonnalise-toi dans cet imbroglio de circostances pénibles et, comme Epictète, ne t'attache qu'à ce que dépend de toi -

[Dimanche 7 Avril 67] Evanouissemente de la personnalité dans l'éther insondable; abolition de toute particularité dans le zéro illimité qui contient tout le possible, annulation de tout désir, regret, douleur et vouloir individuels dans le grand tout, dans l'être pur: à peine si ces termes rendent bien cette absorption calme du fini par l'infini, cette mort du moi que la contemplation peut accomplir et accomplit en ce moment.

[ Mardi 30 Avril 67] L'impersonnalité est le secret instinctif de mon impassibilité.

[Jeudi 2 Mai 67] Je deviens étranger à mes intérêts, à mes études, à mon passé, à mon présent. Je rentre dans mon pure virtualité, abandonnant tout mon acquis, toute la matière appropriée. cette dénudation graduelle est une sorte de mort anticipée dont mon âme a conscience. [..] Mon moi est simplement la perception de ma mobilité intérieure, l'intuition de mes états; il n'est pas un individu déterminé, ayant une forme et un caractère, un but et une volonté.

[Mercredi 15 Mai 67] (10 heures matin.) Eveillé à 5 heures, je me laisse toutefois écraser par la masse des choses à dire et je ne puis être prêt pour ma leçon, que je dois renvoyer. Ainsi deux jours de suite, je reste au-dessous de mes affaires et je fais défaut à ma tâche. Cela m'humilie un peu. Et la cause? c'est l'ajournement. Je me laisse acculer jusqu'à la dernière heure pour les choses nécessaires, je diffère, j'atermoie, je tergiverse, en faveur du caprice et de la liberté. Qu'en résulte-t-il? Un travail fiévreux, précipité, mal digéré et parfois le manque à l'appel. Ce n'est pas que je sois paresseux, mais j'ai un impérieux besoin de diversion, de distraction, de dispersion et il m'est insupportable de rien terminer à l'avance. Terminer un travail est pour moi une corvée. En effet toute clôture me paraît conventionnelle et arbitraire ; je ne finirais jamais rien sans un motif extérieur, comme l'échéance d'une leçon, la durée officielle d'un cours, la promesse faite d'un article, etc. La nécessité est pour moi la seule muse efficace. Aucune étude, aucune oeuvre n'ayant en elles-mêmes de limites, il me faut pour boucler un travail me l'ordonner positivement, me circonscrire et me dompter, faire violence aux choses et à ma propre nature. Cet effort m'est si antipathique que j'en ai perdu le goût d'écrire et que l'enseignement lui-même me pèse. — Si l'on attendait de savoir avant de parler, on n'ouvrirait jamais la bouche.

Apprendre est un plaisir, produire est un effort.

Dichten, verdichten. Pour produire et enseigner avec joie,il faut être maître de son sujet, le posséder, le dominer, en savoir ce qu'en savent ceux qui en savent le plus, ct avoir confiance en soi. Or je ne suis maître de quoi que ce soit et d'aucun sujet, et par exemple dans les deux cours que je donne à la fois maintenant, j'explore une matière immense et à moi inconnue, j'étudie et j'ânonne au lieu de professer cathédralement. Puis, ne sais plus concentrer tous mes moyens et toutes mes forces sur un point. Je ne suis présent qu'une très petite partie à moi-même, grâce à l'affaiblissement de ma mémoire. Je ne suis jamais prêt et je traîne ma vie au lieu de la porter. Aussi je dois toujours avoir l'air écolier et je manque absolument d'auctoritas. C'est la punition de n'avoir pas de spécialité définie et d'errer comme un heimathlose de la science. L'indétermination intellectuelle et l'irrésolution morale ont toujours fait ta faiblesse. Tu n'as jamais voulu examiner les conditions du succès dans ce monde et n'as aspiré qu'à la liberté intérieure. Pour demeurer libre tu n'as ni affirmé ni agi, tu t'es maintenu dans la possibilité de tout. Bref, tu as continuellement travaillé à supprimer tes limites, ct le résultat est de t'avoir ôté la forme, le caractère et la puissance, en te donnant la souplesse du sentiment et l'étendue de l'esprit. La volonté a payé pour tout le reste et ton individualité s'est évaporée. Tu n'es plus quelqu'un, tu es une personnalité anonyme. Tu es un rêve qui se sent rêver. Tu n'occupes donc point de place sous le soleil et dans le monde des vivants, tu n'es que le fantôme d'un individu qui aurait pu être. Tu n'es qu'un psychologue et un critique. Attrape !

[Lundi 8 Julliet 67] Je ne me suis pas gouverné et me suis contenté de sauvegarder ma liberté personnelle. L'amorphisme est ma loi. C'est pourquoi je ne suis ni quelqu'un ni quelque chose.

[Mercredi 22 Octobre 79] [..] Que j'ai eu de peine, à Clarens, à me remettre dans la situation professorale. Et encore à cette heure, mon métier me paraît étranger. Je devais être à Athènes cet hiver, et il me semble flotter dans le rêve ; je ne trouve pas ma chambre réelle, mon existence certaine, mon enseignement probable, ma position sérieuse. Je m'étonne de moi-même, et je m'étonne de m'étonner.

Cette dépersonnalisation étrange provient de l'ἀθελησις, de la nolonté. J'existe sans mon consentement, sans mon désir, sans ma participation, et dans ce moment-ci, je n'entends la voix d'aucun devoir. Donc je sommeille tout éveillé ; je vis en somnambule. Ainsi la conscience psychologique peut dévorer la conscience morale ; le sentiment de l'obligation et le sentiment de la réalité peuvent s'évaporer à la fois. Sur tout un monde détruit flotte la pensée, comme le point rouge circule sur le monceau de lettres que la flamme a carbonisées. — Mais la pensée ne s'individualise, ne s'incarne, ne s'humanise que par la souffrance, la volupté ou le désir. Celui qui flotte au-dessus de ces phénomènes est un schème, une forme impersonnelle, un mode spinoziste de la substance. Ce qui est curieux c'est d'expérimenter ce cas théorique, c'est de rentrer dans la virtualité de son être, et par conséquent d'être comme n'étant pas. Ceci doit sembler du verbiage ou de la folie à tous ces esprits captifs qu'on appelle des hommes, et qui sont si fiers de leur misérable petit Moi. Ils se targuent de leur impuissance comme d'une grandeur. Ils sont incapables de comprendre que la contemplation volatilise la personne, comme le feu décolore les pierreries, que le Moi n'est qu'une larve de quelque chose de plus grand que lui. Ces esclaves du fini prennent leurs chaînes pour des ailes, et leur pesanteur pour un essor. — Il est vrai que pour l'action, il faut absolument revêtir l'habit de corvée et prendre son numéro d'ordre dans l'escouade des ouvriers ; mais dès qu'il s'agit de pensée, cette incorporation est un abaissement.

[Vendredi 5 Mars 1880] [..] Hier soir, ma filleule m'a lu les Danichef de Pierre Newski. C'était bien mal lu, mais B[erthe] le sentait et l'a reconnu d'elle-même. Pas un des personnages n'était individualisé ; pas une phrase n'avait l'intonation juste ; et pourquoi ? parce que rien n'était tout à fait compris. Lire c'est comprendre et faire comprendre. Le lecteur est un drogman. Mais on ne peut donner que ce qu'on possède. Pour interpréter, il faut se mettre à la place de ce qu'on veut exprimer. B[erthe] ne peut changer de pays, de sexe, de civilisation, d'époque. Elle ne traduit bien que ce qui est tout près d'elle et dans son genre. Mais c'est le cas de presque tout le monde. L'impersonnalité et le protéisme sont un don spécial. Ils se rattachent à la faculté de réimplication, pouvoir mystérieux gue le vulgaire ignore. La métamorphose facile et rapide n'est pas le fait de chacun. Les gens sont d'ordinaire cantonnés dans une forme immuable ; ils sont des crustacés spirituels. La fluidité polymorphique, l'aptitude à revêtir indéfiniment de formes et à entrer dans d'autres modes de l'être leur sont refusées. Ils ne sont pas bêtes, mais ce sont des moules définis des animaux selon leur espèce. L'esprit pur au contraire devient tout ce qu'il veut, parce qu'il contient tout à l'état virtuel. Il est la sphère qui renferme en principe toutes les figures géométriques et peut les manifester en réalité.

[Lundi 9 Août 1880] [..] — L'intuition est en effet cette puissance sympathique qui devine l'âme des choses et qui vibre à l'unisson avec elles. La clairvoyance magnétique n'est pas un vain mot. Tout est dans tout et nous pouvons συμφρονειν avec toutes les existences. Plus l'esprit est esprit plus il est omnimode; le protéisme est son privilège et sa mesure et il apparaît aux êtres moins avancés comme sans limites et sans configuration.

[Dimanche 5 Juillet 1874] Matinée funèbre. Je la passe à Saint-Christophe pour étouffer moins et j'ai dû subir tous les assauts de mes démons. Tempête de tristesse, résurrection de tout mon passé qui me persécute et m'accable, impression poignante d'une vie perdue, d'une force tarie, de semailles qui n'ont point levé, d'espérances avortées, de négligences, de fautes, de torts, de sottises sans nombre. Mon coeur était de plomb et des larmes brûlantes ont coulé sur mes joues. Désespoir profond. J'aurais voulu ne pas être. Je voyais autour de moi tous ces livres, je tenais entre mes mains des monceaux de notes, notes et livres témoignant d'années et d'années de labeur, de méditation, d'exploration, et tout cela m'était devenu étranger, tout cela était oublié. Tout ce travail avait été stérile. J'étais abîmé de honte et de douleur. Tant de préparatifs inutiles, tant de griffonnages Inféconds, tant de velléités abandonnées, quel gaspillage ! quelle folie ! L'irréparable ! l'irrémédiable ! me bourdonnaient dans les oreilles, comme le glas du destin. Et quelle cause a produit ce lamentable effet ? qu'est-ce qui a rendu ma vie infructueuse ? La timidité et la fierté, en un seul mot la pudeur. Comment ? J'ai toujours rougi de désirer, c'est-à-dire d'avoir un but, un but qui me remplit le cœur, un but avoué de moi-méme, et affirmé devant les autres. Je suis toujours resté dans le vague sur ce qui me convenait, sur ce que je devais poursuivre, j'ai eu peur de regarder en face mon idéal et de consulter mes convoitises ou mon ambition. J'ai mis mon point d'honneur ce désintéressement complet de l'âme, qui ne se propose ni la fortune, ni le bonheur, ni la gioire, ni aucun but défini et particulier, et qui se contente de prendre conscience de la vie humaine dans tous les modes de son être, de faire du bien à tous ceux qui lui demandent encouragement, consolation, lumière, sympathie, appui, de se faire tout à tous. Le secours gratuit envers le prochain et la culture en tout sens de moi-même, c'est, il me semble, le seul intérêt que j'aie su donner à mon existence, qui n'a pas eu le caractère viril que communiquent la volonté énergique, la combativité, l'ambition et le désir. La vie féminine en grand, avec plus d'indépendance, de variété, de curiosité et d'ondulations, telle a été ma façon d'ètre. Je n'ai fait que de la psychologie, dans toutes mes autres occupations. Ne rien vouloir et tout comprendre, entrer par la sympathie et le mimétisme dans toutes les manières possibles de penser et de sentir, dans l'imagination, le naturel, l'âme, la conscience, l'intelligence des individus de ma race et de toutes les races, n'est-ce pas la tendance que je retrouve en moi à dix, vingt, trente années en arrière ? Est-il étonnant que cette tendance critique ait amoindri et presque tué son contraire, la tendance productive? Comment l'impersonnalité ne détruirait-elle pas l'individualité? Pour être quelqu'un, ne faut-il pas renoncer à ètre tout le monde? ne faut-il pas tenir à soi, à son talent, à ses limites et à ses préjugés?

Loi d'ironie : c'est le solitaire qui perd son individualité, c'est l'homme du monde qui découvre la sienne. La méditation ne nous ensegne que notre néant; le contact des autres nous révèle notre valeur relative. Le prochain qui se trompe si grossièrement parfois sur notre nature secrète et sur nos mobiles, apprécie assez juste notre utilité exteneure et juge assez sûrement notre valeur sociale. L'ermite ne devine pas mème la manière dont on le juge et ce qu'on estime en lui.

[Mercredi 5 Août 1874] [..] La défiance me ronge et le doute me paralyse. Si quelqu'un se sent conduit, poussé, porté, protégé, certes ce n'est pas moi.

En somme, je ne m'adapte pas à la vie; car celle-ci réclame la foi et la décision, la bonne humeur et le vouloir net, l'énergie et la gaieté, et je n'ai aucune des qualités de l'action. Il faut perpétuellement agir et j'ai en aversion d'agir, comme un Chien enragé a horreur de l'eau. Cette situation absurde me donne un constant malaise. Il m'est positivement odieux d'avoir à gouverner ma vie et j'ai honte de prendre un tuteur; d'ailleurs je sais que personne ne peut se mettre et ne veut se mettre à notre place; puis je sens que ceux qui m'aiment me dédaigneraient s'ils savaient mon a-boulie et mon dégoût maladif de toute détermination. On me laisse me bouddhifier tant qu'il me plait dans ma pensée, mais on entend que je me conduise à l'occidentale. Je suis complètement en désharmonie avec mon milieu, comme un poisson condamné à voler, ou comme un religieux mutilé par conscience et que la morale sociale de son monde sommerait d'avoir un harem. J'ai désappris lentement et longuement le vouloir, et les gens et les choses exigent de moi la lutte et le combat. N'est-il pas amer que toute mon éducation intérieure me desserve au lieu de me servir, et qu'il me faille toujours apparaître aux autres dans mon infériorité et mon infirmité et non dans ce que je puis avoir de supérieur ? — Mon désintéressement insensé me précipite dans cette impasse. Loin de tirer parti de rien, j'ai tous les défauts qui peuvent me nuire et je n'ai goût qu'à me faire du mal. On dirait une sorte de gageure diabolique, et d'onanisme volontaire.

Le goût du suicide et la soif du poison...

la rage sivaïte de destruction de soi-même. C'est bien l'inversion du bon sens, la perversion de l'instinct de conservation, qui n'est qu'une moitié, la moitié banale de la vérité psychologique. — L'égoïsme est l'axe des âmes ordinaires; l'antipathie et l'inimitié pour soi-même est la folie des âmes nobles.

Je voudrais... ne plus être moi.

Cet ardent besoin d'impersonnalité, cet instinct du non-être, du non-être individuel, est bien ma tendance radicale, car elle revient toujours. L'affirmation et la défensive de mon individualité n'a jamais réussi à m'inspirer de l'attrait. Hélas ! c'est le tout ou rien, devise que j'ai inutilement anathématisée. Je suis honteux de ma Wenigkeit, et je voudrais la secouer comme un esclavage. [..]

Protéisme

[Dimanche 26 Mars 1876] [..] Mon individualité, c'est de n'être pas un individu fixe, mais une espèce, la virtualité d'une foule d'individus différents. — Par complaisance ou par occasion je puis être ceci ou cela, mais à nouveaux besoins nouvelles métamorphoses.

Est-il juste que l'assassin soit le seul protégé contre la mort?

Spettacolare plaidoyer a favore della pena di morte.

[Dimanche 18 Mai 1879] [..] (11 heures matin.) MM. les théoriciens de France et d'Angleterre, qui n'ontpas réussi à persuader leurs compatriotes d'abolir la Peine de mort, sont furieux de ce que la Suisse n'accepte pas leur théorie les yeux fermés, et de ce qu'elle regarde mes différents côtés de la question. C'est aujourd'hui que la Révision de l'article 65 de la Constitution fédérale est soumise à la votation populaire. Ici toutes les sociétés ont recommandé de voter Non, c'est-à-dire de perséverer dans l'abolition de cette peine. Mais l'argumentation traditionnelle du progrès, de la sensiblerie, du pathos a beaucoup perdu de sa force persuasive. Est-il juste que l'assassin soit le seul protégé contre la mort? Est-il juste qu'il conserve ce qu'il a ôté à son semblable? Est-il juste que de deux frères, l'un soit fusillé pour avoir donné un soufflet à son capitaine, et l'autre soit entretenu à vie aux frais de l'Etat pour avoir égorgé deux, trois, quatre innocents, empoisonné son père ou sa mère? J'ai en aversion la fausse humanité, la pseudo-justice, et toutes les supercheries des hugolâtres, des utilitaires et des phraseurs. C'est à l'offensé à pardonner; la société, elle, doit rendre justice. Je puis remettre sa dette à mon débiteur, mais je réprouve le juge qui fait le généreux à ma place et je le somme de me payer à la place de son protégé. La société peut faire grâce aux crimes politiques, parce qu'ici elle est partie souffrante, mais elle prévarique si elle fait grâce aux crimes privés, ou si elle les punit au-dessous de ce qu'ils valent. Je puis faire grâce à celui qui m'aura tué mon père ou mon enfant, mais je veux que la société le condamne, sinon je me fais justice. Mon droit d'avoir justice est là, et si le droit de l'innocent est violé en faveur du coupable, la société n'est-elle pas complice du crime? — L'origine du malentendu actuel vient d'une confusion dans les principes. Le trio juridique est remplacé par un duo; la société suppose par fiction que c'est elle qui est l'offensée, et le duo se compose d'elle et du coupable. Or, elle qui n'a perdu que un millionième ou un dix millionième de son sang ne serait-elle pas féroce en demandant la tête de l'agresseur? C'est comme si un éléphant demandait la vie d'une souris lui a donné un coup de griffe, ou si un homme tuait le colibri qui lui a onné un coup de bec. Il y a abus de la force. C'est pourtant sur cette niaiserie que repose toute l'éloquence des Hugolâtres. Mais restituez le trio, et tout change. Le juge peut être un colosse, cela ne fait rien l'affaire. Il doit être impartial entre deux nains dont l'un a fait tort à l'autre, voilà tout. — J'ai beau vieillir, je ne puis m'habituer aux sophismes, aux bêtises, aux erreurs qui jouent un rôle si considérable dans l'opinion. L'expérience me ferait plutôt aller à l'encontre du courant général. Je ne crois pas à la sagesse de ce qu'on appelle tout le monde. Tout le monde, c'est la mode, le préjugé, l'idée obscure, la demi-vérité, c'est la sottise faisant la roue, c'est le parti-pris, la formule convenue, l'hypocrisie utile ou l'irréflexion paresseuse, en un mot c'est ce que je déteste et ce dont je me défie le plus. Ces Messieurs m'approuvent, quelle sottise ai-je dite? Quand je suis d'accord avec le public, je suis inquiet. Pour moi, la présomption est que ce qui plaît au vulgaire ne vaut pas grand'chose. Je n'ai pas de goût pour la contradiction et l'excentricité, mais j'en éprouve parfois la tentation, par haine de la platitude.

Il est beaucoup plus sage de ne s'attacher qu'à un point obscur

Rimuginando sulla biografia scritta in occasione del centenario della morte di J.J. Rousseau dopo un'interessante annotazione critica la rivolge contro sé stesso.

[Mardi 13 Août 1878] [..] Je m'aperçois, un peu tard, qu'en un sujet très connu, il est beaucoup plus sage de ne s'attacher qu'à un point obscur ou à un aspect particulier; les grandes pataraffes panoramiques ont toujours l'air banal. J'ai voulu faire le bifan de J.J. R[ousseau] après un siècle, comme si j'étais le seul orateur de la fête. Il fallait que ce résumé fût fait ; mais il eût mieux valu pour toi, que tu n'eusses pas assumé cette tache. Tu as cru être neuf en essayant de la justice historique et de la critique impartiale. C'est peut-être une illusion. Ton jugement est encore personnel ; il n'est pas démontré ni convaincant. Tu as justifié le Centenaire, voilà peut-être le résultat net de ta Conférence. Tu as fait la critique de la mauvaise critique ; tu as expliqué un peu mieux Rousseau que tes devanciers : ceci est un mérite à vérifier. — Ne laisse plus enrôler ta plume dans une euvre collective.

Pourquoi toute cette synonymie dans mes pages de journal?

Il tema è ossessivamente lo stesso: come se ogni argomento conducesse inevitabilmente alla critica del sé ed al rimprovero agli altri.

[Dimanche 21 Avril 78. Pâques] (9 heures matin.) Il a plu toute la nuit ; ciel bas et triste. La maison semble dormir encore. Vers cinq heures, l'encombrement des viscosités me réveille; je me défends contre l'obstruction respiratoire, par les gargarismes au tannin et au chlorate de potasse; mais les mois s'écoulent et les années s'ajoutent, sans que le mal disparaisse ou s'atténue. Il me faut expectorer des filandres angineuses, des mucosités collantes, des membranes blanchâtres qui me font songer à la coqueluche et au croup... et aux muets du sérail. Pouah !

Pourquoi toute cette synonymie dans mes pages de journal? L'instinct qui me pousse à cette luxuriance doit être assez complexe. J'imagine que le désir de me remémorer le vocabulaire, celui de noter tous les détails et les aspects de la chose, le tâtonnement sur le trait essentiel, sont des causes concomitantes de ce luxe terminologique. Ce luxe a peut-être un inconvénient; il disperse l'esprit et lui enlève la précision. Il faudrait peut-être m'imposer la discipline, deux semaines par mois, d'exclure toute synonymie. Trois à peu près ne remplacent le trait juste. Celui-ci est unique. Mon procédé ordinaire enveloppe l'objet et tourne autour; l'autre procédé frappe au centre et marque le trait caractéristique. Il convient d'avoir les deux méthodes à sa disposition, pour n'être esclave d'aucune et ne contracter aucun tic. Il est vrai que dans le journal intime, la plume ne se surveille pas, et cabriole selon son allure naturelle, mais il est mieux qu'elle ait toutes les allures. Il me semble du reste que cette flexibilité est dans mes moyens, disons plus, dans mes goûts. La manière m'ennuie; lorsque je m'y laisse aller, c'est par paresse. Le seul style qui me plaise, c'est le style de la chose. Qui, mais l'obstacle est dans les habitudes antérieures. L'instinct évite ce qui lui est inconnu, car le sentier à frayer est toujours pénible. Que de formes littéraires j'ai négligées: la narration gaie, le raisonnement suivi, l'improvisation ailée, la critique légère, l'éloquence, c'est-à-dire le solide et l'agréable. Ma forme habituelle est sautillante ou laborieuse, il lui manque la grâce et l'enjouement. Pourquoi? Parce que ces qualités résultent de la conversation, et que Genève m'a condamné au silence méditatif du monologue. Par nature, j'étais sociable, et dans la société j'abondais en étincelles. Ce n'est même que là que je me sentais en puissance et en verve. Mais dans ce pays asphyxiant, j'ai dû vivre sans échange d'esprit [..]

J'habite aussi mon poële de Hollande.

Le catholicisme est une gêne politique

Amiel riporta le parole di Mr Morelli. Nell'indice dei nomi citati Morelli non appare.

[Jeudi 13 Septembre 77. Heidelberg] [..] Trouvé lettre de Sériosa* à poste restante. Je descends à mon vieux petit hôtel de la Croix blanche. Mr Morelli, Milanais, membre du parlement italien, mécontent comme moi de l'Hôtel des Trois-Rois, descend au même hôtel. Nous faisons connaissance et soupons ensemble, puis promenade nocturne. C'est l'Autriche qui bénéficiera à la guerre russo-turque. La force de la France, c'est l'épargne ; sa faiblesse est la déraison dès qu'il s'agit de politique. Bientôt, il ne restera que l'option entre l'eau bénite et le pétroléum, car le socialisme franco-allemand gagne du terrain. Le catholicisme est une gêne politique, mais c'est encore la religion qui durera le plus, c'est celle qui ouvre le paradis au meilleur marché, il convient tout à fait aux races latines, qui sont en réalité polythéistes; il protège la propriété.

MP

Bibliografia

Henri-Frédéric Amiel
- Fragments d'un Journal intime, ed. Fanny Mercier, précédés d'une étude par Edmond Scherer, 2 voll., Genève, H. Georg - Sandoz et Thuillier, Paris, 1883-1884 - Archive.org Tomo I Tomo II
- Fragments d'un Journal intime, ed. G Bouvier, 2 voll. Parigi, 1927 e 1931 [Bernard Bouvier, Paris, Librairie Stock]
- Journal intime, ed. Bernard Gagnebin, Philippe Monnier, Anne Cottier-Duperrex, XII volumi, L'Âge d'Homme, Lausanne, 1976-1994
  • I (1839-1851) texte établi et annoté par Philippe M. Monnier et Pierre Dido, préfaces de Bernard Gagnebin et de Georges Poulet - 1976
  • II (Janvier 1852-Mars 1856) - texte établi et annoté par Philippe M. Monnier et Pierre Dido; - 1978
  • III (Mars 1856-Décrembre 1860) - texte établi et annoté par Philippe M. Monnier et Anne Cottier-Duperrex - 1980
  • IV (Décembre 1860-Mai 1863) texte établi et annoté par Philippe M. Monnier et Anne Cottier-Duperrex - 1981
  • V (Mai 1863-Octobre 1865) texte établi et annoté par Philippe M. Monnier et Anne Cottier-Duperrex
  • VI (Octobre 1865-Mars 1868) texte établi et annoté par Philippe M. Monnier et Anne Cottier-Duperrex - 1986
  • VII (Mars 1868-Avril 1870) texte établi et annoté par Philippe M. Monnier et Anne Cottier-Duperrex 1987
  • VIII (Mai 1870-Février 1872) texte établi et annoté par Philippe M. Monnier et Anne Cottier-Duperrex
  • IX (Février 1872-Juin 1874) texte établi et annoté par Philippe M. Monnier et Anne Cottier-Duperrex 1989
  • X (Juin 1874-Mars 1877) texte établi et annoté par Philippe M. Monnier et Anne Cottier-Duperrex -
  • XI (Avril 1877-Juillet 1879) texte établi et annoté par Philippe M. Monnier et Anne Cottier-Duperrex - 1993
  • XII (Juillet 1879-Avril 1881) - texte établi et annoté par Philippe M. Monnier et Anne Cottier-Duperrex - 1994

Bibliografia secondaria

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Paolo Arcari
- Federico Amiel, Formiggini, Genova 1912
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- Dames et demoiselles autour du professeur Amiel: d'après le Journal intime, L'Age d'Homme, 1999
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- Étude sur Maine de Biran d'après le Journal intime de ses pensées, publiée par Ernest Naville, A. Vaton, Paris 1858
- Œuvres inédites, publiées par Ernest Naville, avec la collaboration de Marc Debrit, Paris, Dezobry, E. Magdeleine et Paris, 1859 (3 vol., ainsi qu'une Introduction aux œuvres inédites)
Luc Boltanski
- Pouvoir et impuissance [projet intellectuel et sexualité dans le Journal d'Amiel], Actes de Recherche en Sciences sociales, novembre 1975, pp. 80-108 - Persee
Léon Bopp
- H.-F. Amiel, Essai sur sa pensée et son caractère d'après des documents inédits, Paris, Félix Alcan, 1926
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- Henri-Frédéric Amiel, Journal des débats, 30 sept.- 17 oct. 1884
- "Henri-Frédéric Amiel. Etude biographique" par Berthe Vadier, Revue des deux Mondes, gennaio 1886 - 1° ottobre 1884
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- Du manuscrit à l'imprimé, préface au tome I du Journal intime d'Amiel, Lausanne, L'Age d'Homme, 1976
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- Amiel , Revue internationale, 25 octobre et 10 novembre 1885
- Henri-Frédéric Amiel, une étude biographique, Paris, Fischbacher, 1886 - Gallica
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- Le journal intime, Méthodes et problèmes 2005