La fascinazione dell'intelligenza

Dominique Auffret
Alexandre Kojève. La philosophie, l'État, la fin de l'Histoire
Bernard Grasset, Paris, 1990

Volendo dire qualcosa della biografia che Dominique Auffret ha dedicato ad Alexandre Kojève parlerò della fascinazione che l'intelligenza - chiamiamola così - esercita su sé stessa. È un fatto. L'intelligenza riconosce l'intelligenza e ne subisce la fascinazione.

Però non mi soffermerò sui rapporti già ampiemente visti di Kojève con i partecipanti al Seminario sulla hegeliana Fenomenologia dello Spirito (Raymond Queneau, Denyse Harari, Georges Bataille, Jacques Lacan, Robert Marjolin, Raymond Aron, Éric Weil, Roger Caillois, Maurice Merleau-Ponty, le père Fessard etc.) ma su alcuni episodi che lo vedono protagonista.

Nel primo Kojève ottiene un incarico dal filosofo Alexandre Koyré. Nel secondo un ufficiale tedesco gli risparmia la vita. Nel terzo Robert Marjolin gli offre un lavoro. Tutto questo avviene semplicemente per mezzo di una qualche forma di mutuo riconoscimento.

Quello che mi interessa mostrare è l'aspetto che accomuna i tre episodi: la fascinazione della parola e il fatto che attraverso di essa Kojève ottenga quello che desidera.

Hegelianamente parlando, in queste incresciose situazioni, Kojève è il servo che ottiene salva la vita lavorando. Però, contrariamente a quanto avviene nella narrazione hegeliana, ciò accade mostrando all'altro di non essere servo, ma di essere un uguale. Riconoscimento ovvero uguaglianza. Questa è la ragione della fascinazione che l'intelligenza esercita su sé stessa. Sollecitare la vanità dell'intelligenza, che non può porsi al di sopra, lontano, fuori dalla portata - come farebbe il Signore di tutto : la morte.

Kojève e Alexandre Koyré

Primo episodio.

Avant de dire quelques mots sur la thèse sur Soloviev que Kojève soutiendra le 25 février 1926, nous devons évoquer sa rencontre avec Alexandre Koyré, qui sera l'un de ses plus grands amis. Elle fut directement liée aux circonstances de sa liaison avec Cécile Shoutak. Celle qui sera bientôt sa femme, et la seule qu'il épousera malgré son divorce seulement quelques années plus tard, était l'épouse du jeune frère d'Alexandre Koyré. Denyse Harari a raconté les conditions de la rencontre entre les deux Alexandre. D'après son témoignage, elles ne « manquèrent pas de piquant ». Tandis qu'elles auraient dû, normalement, opposer les deux hommes ou en faire des adversaires, c'est le contraire qui se produisit. Pour la première fois, mais ce ne sera pas la seule dans sa vie, Kojève sut faire d'un « ennemi », qui venait à lui pour se déclarer tel, un complice !

Voici ce que rapporte Denyse Harari : C'est un peu comique, comment Kojève a connu Koyré. Il a enlevé la belle-sœur de Koyré (...). Et la famille de Koyré, le mari de cette dame en étaient très émus, très malheureux. Mme Koyré, qui était une amie intime de sa belle-sœur, a envoyé son mari voir qui était ce jeune homme, qui était d'ailleurs beaucoup plus jeune que la dame en question — elle avait une dizaine d'années de plus que lui — , et essayer de le sermonner. Koyré, qui était un homme absolument délicieux, est revenu de cette entreprise aux anges! Tout souriant! Très content! Alors sa jeune femme lui a demandé: "Tu l'as vu, c'est merveilleux, tu lui as expliqué..." Et Koyré lui a répondu : "Ah ! non, non, non... écoute, il est beaucoup, beaucoup mieux que mon frère. Elle a tout à fait raison." Et de là date l'amitié de Koyré et de Kojève [2].

L'engouement de Koyré pour le jeune séducteur au moment de lui dire son fait à propos de ses vues sur sa belle-sœur donne une idée de la personnalité de Kojève. Car Koyré, quoique « délicieux », n'était pas homme à s'en laisser accroire. De dix années plus âgé que Kojève, Koyré était depuis 1922 chargé de conférences temporaires (jusqu'en 1931) à l'École pratique des hautes études. Comme Kojève, il était d'origine russe, né le 29 août 1892 à Taganrog et fils d'un riche importateur de produits coloniaux. Après avoir fréquenté les collèges de Tiflis et de Rostov-sur-le-Don, et après un moment d'activisme politique à la suite de la Révolution de 1905, il avait fait ses études à Gôttingen, avec Husserl, Reinach, Scheler et Hilbert. En 1912, il était allé à Paris où il découvrit, à travers leur enseignement, les pensées de Bergson et de Brunschvicg, de Picavet, de Lalande et de Delbos. Puis était venue la guerre de 1914-1918. Lorsque les hostilités furent déclenchées, Koyré avait toujours la nationalité russe, mais il fit cependant la guerre comme officier de l'armée française. En 1916, il s'engagea comme volontaire dans un régiment de l'armée du tsar destiné au front russe.

En 1932, Kojève est un homme pressé. Il lui faut un emploi pour se procurer les moyens financiers de réaliser ses ambitions personnelles et philosophiques. A cette fin, évidemment, l'idéal serait de donner des cours de philosophie, de se faire mieux connaître et, si possible, «d'obtenir un travail de recherches universitaires» [1]. Sans la nationalité française, c'était déjà difficile, mais sans diplômes, c'est un obstacle insurmontable ! Il lui faut donc séduire ses pairs pour acquérir, sinon un poste officiel, du moins la possibilité de faire quelques conférences et de donner un cours. Nous avons déjà souligné l'importance de la rencontre entre Koyré et Kojève. A la suite d'échanges avec son ami sur l'histoire des sciences, et doué lui-même d'un intérêt manifeste pour les progrès récents dans les sciences de la nature, Kojève commence à réfléchir philosophiquement sur la physique. Koyré juge sur pièces de l'originalité théorique dont il est capable dans ce domaine. Mais ainsi le jeune ami de Koyré se pose en concurrent amical envers lui. Pouvons-nous douter un instant que Kojève ne cherche pas alors à transformer l'admiration que Koyré a pour lui subjectivement sur le plan objectif d'une reconnaissance effective que, seule, l'obtention d'un poste pourrait réaliser?

Alexandre Koyré enseigne en 1932 à l'École pratique des hautes études sur Nicolas de Cues et tous les mercredis à onze heures « la philosophie religieuse de Hegel ». C'est cette année-là que Georges Bataille suit également les deux cours de Koyré. Il est possible que ce soit à ce cours que Bataille et Kojève firent connaissance. En tout cas, Kojève assiste régulièrement au cours de Koyré sur Hegel. Koyré conseille à Kojève de traduire sa thèse sur Soloviev afin d'obtenir son doctorat à la Sorbonne.

Kojève e l'ufficiale tedesco

Secondo episodio.

Dans le cadre de ses activités au sein des sphères de la Résistance marseillaise, un épisode mettra sérieusement en danger la vie de Kojève. Pour la seconde fois dans son existence, depuis son emprisonnement par la police politique russe en 1917, il connaît le risque de mourir. Nina Kousnetzoff en relate la circonstance: «Un jour, il a été arrêté par les Allemands, et là il savait qu'il risquait d'être exécuté le lendemain» [1]. La façon dont il va réussir à s'en sortir témoigne de la capacité particulière de convaincre qui est la sienne et de son génie tactique. Kojève et un compagnon grec n'hésitent pas à se rendre, pour faire œuvre de propagande, au Puy, où se trouve un régiment allemand, composé de Tatars de Crimée qui avaient d'abord été faits prisonniers puis qui avaient accepté de servir l'armée allemande. Leur tentative de désorganiser le régiment, hasardeuse tant dans ses objectifs que dans ses moyens (pour ne pas dire loufoque), échoue piteusement. Kojève et son compagnon grec parlent aux Tatars (de culture musulmane). Ils veulent les convaincre qu'ils ont commis une erreur en s'enrôlant dans l'armée allemande. On ne sait si certains furent séduits par les propos tenus, mais l'un des officiers tatars les dénonce immédiatement à la Kommandantur. Face au commandant du régiment, Kojève met en œuvre son discours pratique pour tenter de leur éviter le peloton d'exécution, lequel pouvait être formé sur-le-champ. Il infère rapidement que le commandant allemand a été jusqu'à la guerre conservateur d'une galerie de peinture de Munich. Germaniste et connaissant cette galerie qu'il avait visitée plusieurs fois, Kojève réussit à convaincre l'officier qui devait décider de son sort qu'ils étaient tous les deux des hommes de culture, qu'ils comprenaient les choses, et qu'ils ne devaient pas pour cette raison subir le même sort que les autres. Ainsi l'autorité allemande elle-même ne résista pas à la rhétorique de Kojève, qui découvrit peut-être alors, comme il le dira souvent, que «la parole était son arme absolue». Par le discours pratique, Kojève fit l'expérience personnelle d'un lien essentiel entre la lutte à mort pour la reconnaissance et l'origine du discours humain «élémentaire». C'est un aspect essentiel de la dialectique du maître et de l'esclave qui fut alors vérifié : la puissance du logos dans la condition humaine. Mais il ne pria pas le «maître» ; il ne lui demanda pas sa grâce. Sinon il se serait comporté alors comme un vaincu. De fait il avait suffi à Kojève de prouver au commandant qu'il était aussi maître que lui pour échapper à la mort ou à la servitude.

Kojève e Robert Marjolin

Terzo episodio.

En fait, il serait faux de penser que son entrée à la Direction des relations économiques extérieures sera un exploit et que la portée de son action, avant de trouver son efficacité, se heurtera à un contexte essentiellement défavorable. Avec Robert Marjolin, son ami, il avait noué depuis longtemps des liens durables. Le parcours du directeur de la D.R.E.E., mouvementé, et les conditions de son action pendant la guerre auprès de Monnet, après ses engagements socialistes et son retrait par rapport à la politique économique de Léon Blum, lui avaient permis de croire en la valeur des circonstances dans la chance d'une carrière « exceptionnelle» [1]. Kojève, il l'avait reconnu pendant le Séminaire dans son génie propre, son ouverture d'esprit et son intérêt permanent pour tout ce qui intéressait l'avenir du monde et de l'Europe en particulier. La France avait besoin d'hommes dont la bonne volonté était le fruit de l'intelligence, c'est-à-dire d'une capacité à comprendre la situation nouvelle et à propo- ser des solutions originales à des problèmes inédits. Les erreurs qui avaient été commises après la Première Guerre mondiale ne devaient pas se répéter et les archaïsmes mentaux devaient être écartés au profit d'une raison conforme aux réalités nouvelles qu'il s'agissait de créer. Kojève connaissait, en outre, la plupart des langues européennes après sa langue maternelle, avantage supplémentaire à son actif. Marjolin comprendra vite que la reconstruction de l'Europe requérait des hommes capables de nouer des liens dégagés de toute pensée étriquée et trop exclusivement centrée sur l'Hexagone pour permettre à la France elle-même de se relever. Certes Marjolin n'était plus socialiste mais son libéralisme économique admettait alors les limites que toute action politique efficace devait savoir lui opposer quand les intérêts supérieurs étaient en jeu. Sur ce point qui, à l'époque, fut essentiel, les deux hommes se comprendront fort bien. La présence de Kojève à la D.R.E.E. sera, semble-t-il, présentée en vertu de sa connaissance de l'allemand et du russe et il occupera, peu de temps à vrai dire, un poste d'interprète. Car il deviendra insensiblement, et avec le consentement de ses directeurs successifs, un conseiller secret, dont le statut ne sera pas fixé et dont, par conséquent, la fonction sera rapidement indépendante de la hiérarchie en vigueur. C'est ainsi que tout le monde autour de lui l'admettra progressivement dans sa qualité de chargé de mission à la D.R.E.E. auprès du directeur de cet organisme.

Le contexte historique favorisa, sans nul doute, cette rapide intégration à la D.R.E.E. dans les circonstances exceptionnelles de l'époque. Il fallait tout rebâtir en tenant compte du passé et des forces en vigueur, et redéfinir les rapports économiques et politiques internationaux.

2 septembre 1945. Robert Marjolin reçoit Kojève et le fait nommer chargé de mission. A l'automne, Jean Monnet demande à Robert Marjolin d'être commissaire général adjoint au plan de modernisation et d'équipement. Pendant vingt ans, Robert Marjolin va travailler à la reconstruction de la France, puis de l'Europe occidentale. Trois moments importants dans son parcours: 1. le plan français, en 1946 et 1948, 2. le plan Marshall qui débute en juin 1947 pour s'achever en 1952, et 3. la création de la Communauté européenne de 1956 à 1967 (le traité de Rome sera alors passé dans les faits). Fin 1945, Rousselier, nouveau directeur de la D.R.E.E., devient le patron de Kojève.

A dire il vero l'uomo subisce la fascinazione anche della morte... ma, in qualche modo, l'intelligenza mette fuori gioco la morte. Naturalmente la stupidità può mettere fuori gioco l'intelligenza.

MP

Bibliografia

Dominique Auffret
- Alexandre Kojève. La philosophie, l'État, la fin de l'Histoire, Bernard Grasset, Paris, 1990
Jean Daive
- Une vie, une œuvre, Alexandre Kojève, la fin de l'Histoire, cassette de France Culture, Paris, 11 novembre 1986, avec la partecipation de Denyse Harari, Nina Kousnetzoff, Monette Martinet et Edgar Faure, Bernard Clappier, Jean-Michel Rey, François Valéry, Jean-Pierre Brunet
Robert Marjolin
- Travail d'une vie, Laffont Paris, 1986
Jean Monnet
- Mémoires, Fayard, Paris, 1976
- Cittadino d'Europa, tr. Elena Tessadri, Alfredo Guida, Napoli, 2007