Democrazia senza popolo

Catherine Colliot-Thélène
La démocratie sans «demos»
PUF, Paris, 2011

Il libro di Catherine Colliot-Thélène si apre con un rimando al rapporto che Hegel instaura fra soggettività e comunità nella Fenomenologia dello Spirito e quindi alla filosofia politica di Hegel.

Depuis Hegel nous savons que les figures du sujet se transforment avec les formes de la communauté, et cela est vrai tout particulièrement pour le sujet politique.

Inevitabili quindi i riferimenti a Jean Hyppolite e l'evocazione dell'ultimo Foucault.

Le sujet advient à lui-même à travers une experience façonnée par un monde humain, non pas celui d'une humanité abstraite englobant tous les hommes, mais un monde historique, une «figure del l'esprit», qui determine en profondeur sa conscience

Hegel più di ogni altro filosofo moderno ha riflettuto su questo tema.

Hegel, mieux que toute autre philosophe de l'epoque moderne, il a réfléchi l'historicité des figures du sujet, et parce qu'il a rapporté toutes ces figures à des avatars successifs de la communauté.

Se democrazia è il nome che oggi diamo alla comunità politica ideale, diventa rilevante comprendere quali figure della soggettività contemporanea le corrispondono.

La question centrale de ce livre est l'identification de la figure du sujet politique qui correspond à la démocratie, entendue en son sens moderne

La tesi sostenuta dalla Colliot-Thélène è che il soggetto politico moderno sfugge ad ogni comunitarismo.

la thèse ici défendue est que le sujet politique moderne échappe à toute assignation communautaire. Cette thése va à rebours non seulement de la pensée de Hegel, mais aussi de toutes les théories qui, aujourd'hui, vantent des mérites de la «communauté des citoyens»

L'individuo non può più accordare alla comunità a cui appartiene quell'adesione immediata propria degli antichi.

L'individu ne peut plus accorder aux collectifs auxquels il appartient cette adhésion immédiate et entière qu'Antigone avait pour la famille ou que Créon exigeait du citoyen à l'égard de la cité. La complexité des sociétés modernes se manifeste par la pluralité des collectifs dans lesquels l'individu se socialise

Lo Stato nazione è stato negli ultimi due secoli il principale collettivo nel quale l'individuo poteva trovare un senso alla sua esistenza. Altre identità collettive gli facevano concorrenza come la comunità proletaria Ma si domanda la Colliot-Thélème

ces identité participatives (la nation, la classe), étaient-elle la composante proprement moderne su sujet politique moderne?

La risposta è no

La relecture des déclarations des droits de l'homme et du citoyen nous confronte à une détermination toute autre de l'identité de ces sujet, qui doit être considérée comme la véritable innovation de ce sujet. Cette identité est celle su sujet de droits, présupposée par la notion de «droits subjectifs», et qui, loin d'être rapportée à un collectif quel qu'il soit, est attachée à l'individu indépendamment de toute appartenance.

La democrazia, espressione della comunità, deve quindi confrontarsi con l'avvento del soggetto come portatore di diritti. E, di conseguenza

l'érosion que subit aujourd'hui la souveraineté étatique modifie considérablement les conditions de garantie des droits subjectif.

Il pluralismo giuridico e lo sviluppo di norme da parte di organi privati, il cui esempio più studiato è la lex mercatoria comportano la moltiplicazione delle istanze di potere alle quali i soggetti possono o devono rivolgersi per far valere i propri diritti. In questa situazione anche la figura del soggetto di diritto viene messa in questione.

la figure du sujet de droit - dont on rappellera qu'elle a été produite par la destruction d'un pluralisme juridique antérieur, celui du régime des droits particuliers de l'Europe médiévale, par l'action centralisatrice de la souveraineté territoriale constitutive de l'État moderne - se trouve mise en question.

le pluralisme juridique contemporain oblige à se défaire de la notion classique d'un demos conçu comme une communauté unie dont la volonté présumée conditionne la légitimité di puovoir. La pluralité des pouvoirs ne rend pas impossible la défense des droits subjectifs, mais la diversité des destinataires des revendications de droits ne permet pas la fusion des groupes d'individus qui les réclament dans un collectif unifié.

Du poit de vue de l'histoire des droits subjectifs, la nouveauté de l'époque présente tient à ce que les destinataires des revendications des exclus du pouvoir ne peuvent plus être uniquement des autorités étatiques. Les droits font objet de négociations avec des partenaires multiples. Cet état de fait rend nécessaire de repenser la nature de la citoyenneté.

La difficulté que l'on éprouve à trouver une solution satisfaisante aux problemes que pose le statut des étrangers [..] manifeste les impasses d'une conception communautaire de la démocratie.

Il est fréquent aujourd'hui d'imputer à la mondialisation les impasses de la démocratie. Un des grands mérites pourtant du complexe de phénomènes que nous désignons sous ce terme est de mettre à nouveaux en lumière la différence du pouvoir, c'est-à-dire son altérité essentielle et irréductible par rapport à ceux sur lequels il s'exerce.

I rivoluzionari della fine del XVIII secolo, da Rousseau a Madison, non hanno voluto abolire il potere, né minimizzarlo. La loro preoccupazione maggiore, in ciò che concerne l'organizzazione delle istituzioni

n'était pas d'éliminer la différence du pouvoir, mais de prévenir l'«abus du gouvernement», c'est-à-dire la propension des tenants du puvoir à utiliser celui-ci au profit de leurs intérêts propres en perdant de vue l'intérêt public.

les théoriciens des révolutions ne se voulaient pas démocrates. Ils n'ont pas élaboré leurs projets constitutionnels à partir de l'idée d'un pouvoir exercé par le peuple, mais avec pour seule ambition d'assurer la gouvernementalité d'une société composée d'homme libres

Ma, dobbiamo rendercene conto, non è più possibile rispondere alla questione della gouvernementalité nei termini in cui era posta alla fine del XVIII secolo. La globalizzazione ha moltiplicato i luoghi e le forme del potere fino a rendere illusoria l'idea che un singolo Stato possa determinare in modo indipendente il proprio potere.

La question de la gouvernance, on le sait, ne se pose plus uniquement à propos de l'administration des l'États. Mais c'est précisément son éclatement, le fait qu'il puisse être question de la gouvernance de grande compagnies industrielles, des universités ou des hôpitaux, de celle d'institutions supranationales ou internationales, voire d'une gouvernance mondiale, qui amène à redécouvrir que la démocratie n'est pas un caractère du gouvernement des hommes, [..]

Ciò che viene meno è la necessità della legittimazione elettorale, cioè attraverso il voto. Occorre - secondo C-T - reinterpretare questi fenomeni separandoli dal mito dell'autolegislazione, ovvero la partecipazione degli individui alla formazione delle leggi alle quali sono sottoposti.

La plupart de ces pouvoirs nouveaux sont constitués par nomination ou cooptation, et c'est à ces modes de constitution que l'on pense généralement quand on déplore leur manque de légitimité démocratique.

Contro la l'idea di sovranità popolare come progresser vers un autogouvernement des hommes nella prospettiva di una vision renouvelée et exigeante de la nation - di cui parla Pierre Rosanvallon -

La thèse que je soutiens ici est au contraire que cette idée appartient pour l'essentiel au passé, et que le développement de forme d'intervention politique visant d'autres pouvoirs que celui de l'État national éclaire rétrospectivement ce qu'a été la réalité de la souveraineté du peuple: un cadre institutionnel organisant les modalités particulières d'expression des revendications de droits quand elles s'adressent à cette forme également particulière de pouvoir qu'est l'État national.

plus la figure du sujet de droits, c'est-à-dire du sujet qui revendique des droits, acquiert d'importance dans la manière dont nous entendons la citoyenneté démocratique, plus la fiction de autolégislation perd es crédibilité.

La pluralisation du kratos rend le demos inassignable.

Au regard de l’idéal normatif de la démocratie moderne, il peut sans doute paraître douloureux de renoncer à l’idée de l’autolégislation [...] C’est cependant le prix à payer pour percevoir et comprendre les conditions nouvelles de la citoyenneté démocratique.
MP

Bibliografia

Catherine Colliot-Thélène
- La démocratie sans «demos», Presses Universitaires de France, Paris, 2011
- Les masques de la souveraineté, in Jus politicum, n°8 - 2012; URL
- Après la souveraineté : que rest e-t-il des droits subjectifs ?, in Jus politicum, n°1, 2009; URL
- Après la souveraineté : que reste-t-il des droits subjectifs?, Eurostudia, Vol. 2, No. 2, Décembre 2006; URL
- Pour une politique des droits subjectifs: la lutte pour les droits comme lutte politique, in L'Année sociologique, vol. 59, 2009; URL
- L’interprétation des droits de l’homme : enjeux politiques et théoriques au prisme du débat français, in Trivium, 3 | 2009; URL
- La fin du monopole de la violence légitime?, in: Revue d'études comparatives Est-Ouest, vol. 34, 2003, n°1; URL
Frédéric Postel
- Entretien avec Catherine Colliot-Thélène, in Cahiers philosophiques, 2007/3 (N° 111); URL
Jean-Baptiste le Bohec
- Catherine Colliot-Thélène : La démocratie sans "démos", in Actu Philosophia, 3 décembre 2013; URL